Pandémie – Infirmière aux soins intensifs : l’union fait la force

Photo d'un patient aux soins intensifs de l'Hôpital Maisonneuve-RosemontPendant la pandémie, le département des soins intensifs a mis en place une solution originale pour former rapidement ses infirmières : la triade. Découvrez-la.

Être infirmière aux soins intensifs en période de pandémie

En temps normal, pour être opérationnelle aux soins intensifs (SI), une infirmière suit, à son arrivée dans le service, une formation de 40 jours, un délai beaucoup trop long pour réagir adéquatement à l’arrivée de la pandémie.

Le département a donc mis en place une solution originale qui a réduit ce temps à … 4 jours. Mylène Ostiguy, conseillère en soins infirmiers, Soins intensifs et Unité coronarienne au CIUSSS de l’Est-de-l’île de Montréal, nous explique comment ils ont dû et su s’adapter.

Comment s’est mise en place cette triade?

Mylène Ostiguy : Le besoin rapide de nouvelles infirmières pour faire face à la pandémie a nécessité beaucoup d’adaptation de notre part.

Il était impossible de former les 75 nouvelles infirmières en 40 jours. Nous ne disposions pas de ce temps. Nous avons donc jonglé avec les ratios patients/infirmière. En temps normal, une infirmière de soins intensifs s’occupe de deux patients. Il peut même arriver qu’elle n’ait qu’un patient, selon son état.

Nous avons dû porter ce ratio à quatre patients par infirmière. Afin d’assurer des soins de manière sécuritaire, les deux infirmières ayant reçu la formation écourtée (nommées ici « novice ») étaient jumelées à une infirmière experte en soins intensifs (nommée « leader »). Les deux novices s’occupaient des soins de base du patient et étaient encadrées, accompagnées, par l’infirmière leader. Elles formaient une triade.

Pouvez-vous décomposer ces quatre jours de formation?

M. O. : Même en crise, il faut savoir s’adapter et réagir rapidement.

Un travail d’équipe

Nous avons commencé, mes collègues, Marjolène Di Marzio, conseillère en soins infirmiers, Julie Bissonnette, infirmière clinicienne, et moi-même, à former les infirmières avec un cours théorique de 2 h.

S’adapter et se remettre en cause

Nous avons rapidement compris que cette recette n’était pas bonne. Le stress des novices grimpait au fur et à mesure des notions transmises.

Nous avons alors transformé la formation en quatre ateliers pratiques qui regroupaient des situations courantes aux soins intensifs. Les deux heures de formation théorique se sont alors transformées en une demi-journée de formation pratique.

L’atout de la collaboration interprofessionnelle

Et pour montrer la collaboration exemplaire qui règne dans notre CIUSSS, un conseiller en soins infirmiers de la DSI, ayant quelques années d’expérience aux soins intensifs, Guillaume Canuel, est venu nous prêter main-forte.

Photo de Mylène Ostiguy, Guillaume Canuel, Julie Bissonnette et Marjolène Di Marzio

Dans l’ordre habituel : Mylène Ostiguy, Guillaume Canuel, Julie Bissonnette et Marjolène Di Marzio

Des mises en situation ont permis aux nouvelles infirmières de travailler des techniques de soin, peu utilisées dans leur milieu d’origine, même si elles font partie de la formation de base.

À ces mises en situation, nous avons ajouté des diapositives théoriques. Elles permettaient de mieux comprendre la spécificité des soins intensifs. Par la suite, elles ont eu trois jours de stage « plancher » jumelées à des infirmières expertes de soins intensifs pour apprendre la routine du département.

Des aide-mémoires et notions théoriques ont été envoyés par courriel sur divers sujets concernant les soins intensifs ainsi que plusieurs outils pour les aider à démêler les différents formulaires utilisés.

On a beaucoup parlé du mannequin du docteur Marquis. Quel rôle joue-t-il dans cette formation?

M. O. : Malheureusement, pour la formation en contexte COVID, nous n’avons pas pu utiliser le mannequin haute-fidélité. Nous avions trop d’infirmières à former simultanément et un seul mannequin, très prisé. Nous avons donc opté pour des laboratoires pratiques qui n’utilisent que le matériel nécessaire (bras de pratique, pompe intraveineuse, seringues, fioles de médication, etc.).

En temps normal, nous utilisons le mannequin haute-fidélité pour diverses simulations : réanimation, protocole de transfusion massive, intubation, etc. Il aide les infirmières à gagner en confiance en manipulant du matériel nouveau dans un environnement sans risque. Cela les aide aussi à développer leur jugement clinique, l’esprit d’équipe et de collaboration, des éléments qui sont essentiels à toute infirmière de soins intensifs.

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