Pandémie : être infirmière aux soins intensifs, la leader
21 août 2020
Paméla Fernandez-Plante, infirmière aux soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont depuis 2013
Pour former leurs infirmières en un temps record, pandémie oblige, les soins intensifs ont créé des triades. Une infirmière « leader », encadrant deux « novices ». Paméla, infirmière leader, témoigne.
Le contexte : une pandémie mondiale
En temps normal, pour être opérationnelle aux soins intensifs (SI), une infirmière suit, à son arrivée dans le service, une formation de 40 jours. Pour la pandémie, le département a mis en place, cas de force majeure oblige, une solution originale qui a réduit ce temps à … 4 jours. Paméla Fernandez-Plante, infirmière aux soins intensifs depuis 2013, nous raconte son expérience de leader.
Les soins intensifs au temps de la pandémie
Les débuts ont été difficiles pour moi. Être leader a été un travail exigeant, physiquement et mentalement. Il était insécurisant de perdre le contrôle de notre environnement de travail, notre organisation, notre équipe, notre routine et nos soins.
Apprendre à gérer un arrêt cardiaque
Dans mon rôle de leader, j’ai fait tout ce que je pouvais pour être présente auprès des novices, les accompagner, être à l’écoute, les superviser, les soutenir et leur enseigner les particularités des soins intensifs. En tant qu’experte, gérer l’instabilité et les imprévus fait partie du quotidien. Cependant, pour les novices, certains événements sont marquants, comme faire face, pour la première fois, à un patient en arrêt cardiaque.
Les novices ont ainsi été confrontés à une multitude d’événements qui ont pu les déstabiliser, ce qui est normal. Les soins intensifs sont une spécialité spécifique et les novices n’ont pas eu le temps de suivre la formation complète. Elles ont complété leur formation au jour le jour, directement au chevet des patients. C’est dans ce type de situation que le travail d’équipe, entre leader et novice, prend toute son importance.
Être leader en temps de crise
Sachant que la charge de travail dépend de la stabilité de nos patients, en tant que leader nous avons eu à équilibrer les prises en charge. Dans la vie de tous les jours, il est important que les sections soient organisées en fonction des patients et de leurs besoins, qui évoluent. De cette façon, on s’assure que soins et surveillance soient efficaces et sécuritaires. L’organisation idéale aurait été :
- Instable : Il est pris en charge par un expert.
- Stable : Il est pris en charge par une novice, supervisée par un leader.
En réalité, la lourdeur des patients hospitalisés aux soins intensifs pendant cette période ne comprenait malheureusement que très peu de patients stables. Chaque section avait donc sa particularité et sa surcharge de travail. Cela a été un défi d’organisation important qui a nécessité de constants réajustements.
Leader sur tous les fronts
Pour terminer, une infirmière leader devait aussi assurer une surveillance des moniteurs cardiaques, des appareillages et des protocoles spécifiques aux SI. En effet, si la formation accélérée permettait de répondre à l’urgence créée par la pandémie, elle ne peut remplacer la formation initiale de 40 jours qui comprend un long apprentissage de la gestion des moniteurs, appareillages électroniques, etc.
Infirmière en période de pandémie
En tant qu’infirmières expertes en SI, nous étions les ressources pour tout le nouveau personnel. J’ai rapidement compris à quel point mon rôle était important, voire essentiel. Malgré les circonstances difficiles, pesantes, nous sommes restées concentrées sur notre objectif commun :
Continuer d’offrir des soins sécuritaires de qualités tout en surmontant les défis imposés par la pandémie.
Un pour tous, tous pour un
Nous avons eu la chance d’avoir du personnel en renfort pour être capables d’absorber la surcharge de patients hospitalisés aux SI. Sans ces infirmières, inhalothérapeutes, préposés aux bénéficiaires, personnel d’entretien, agents administratifs, médecins, résidents en médecine, etc., il aurait été impossible pour notre équipe habituelle de réussir à faire ce que nous avons fait.
Fierté et solidarité!
Le rôle de leader était nouveau pour moi, comme pour une majorité des infirmières des soins intensifs. Je suis fière du travail accompli ensemble et de faire partie de cette belle équipe. Notre équipe a fait preuve de courage, de dévouement et de beaucoup de solidarité.
Les soins intensifs : les essayer, c’est les adopter!
Au final, preuve de l’énorme solidarité et de la complicité qui existe entre ses membres, cinq infirmières novices ont demandé à rester aux soins intensifs. Elles suivront la formation classique, de 40 jours, à la rentrée.
Cette réalité a démontré toute l’importance de la formation, garante d’une qualité des soins optimale et sécuritaire.
Sans votre appui, l’HMR et ses équipes n’auraient pas été prêtes à affronter cette pandémie. Sans votre générosité, le personnel de l’unité des soins intensifs n’aurait pas eu à sa disposition les équipements, ni accès à la formation requise pour s’adapter à la situation en temps voulu. Votre solidarité a fait la différence par le passé, c’est elle qui fait la différence aujourd’hui face à la pandémie, et c’est elle qui fera la différence encore demain. |