Maladie de la cornée : espoir d’une alternative aux greffes
25 mai 2021
Une équipe internationale, parmi laquelle figurent des chercheures et une chercheure clinicienne affiliée du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, entrouvre la porte à une alternative à la greffe de cornée.
Transplantation de cornée : la quête de l’impossible
Dans le monde, près de 13 millions de personnes, aveugles à cause d’une maladie de la cornée, attendent une transplantation. Malheureusement, la pénurie de donneurs fait que seul 1 patient sur 70 peut en bénéficier.
Greffe de cornée : peu de progrès depuis longtemps
De plus, si le taux de réussite des greffes de cornée oscille entre 85 et 90 % après deux ans, il chute à 60 % après 5 ans. Cela est d’autant plus gênant, qu’après un premier rejet, les nouvelles greffes sont de moins en moins bien acceptées par l’organisme.
Rejet immunitaire fréquent pour les cornées gravement endommagées
Aussi, chez les patients présentant une inflammation ou des dommages sévères à la cornée, le risque d’échec ou de rejet du greffon est encore plus important. On comprend dès lors que, pour ces patients, les options de traitement sont limitées.
Trouver une alternative à la greffe
Les recherches actuelles s’efforcent de trouver une alternative à cette pénurie de tissus et aux problèmes de rejet immunitaire associés.
Les chercheurs de cette équipe internationale ont déjà démontré que la régénération cornéenne peut être une alternative à la greffe. Comment? En utilisant des biomatériaux à base de collagène. Ils ont prouvé que la cornée humaine peut s’autorégénérer grâce à ce biomatériau. Malheureusement, cette première version de l’implant ne peut arrêter l’inflammation qui peut entraîner une défaillance de l’implant.
Qu’est-ce qu’un biomatériau?
Il s’agit d’une substance ou matière destinée à être implantée dans un organisme vivant pour remplacer un organe ou un tissu, en l’occurrence ici pour réparer une cornée.
Rôle du collagène dans notre corps
Le collagène est au corps humain, ce que les tiges d’acier sont au béton armé. Si les tiges de l’armature sont fragiles, cela fragilise la structure. On trouve une vingtaine de collagène dans les tissus de notre organisme : os, tendons, organes internes, cartilages et structures des yeux, etc.
Une étude souche d’espoir qui répond à deux besoins critiques
Premièrement, l’équipe internationale, au sein de laquelle figurent les docteures May Griffith, Isabelle Brunette et Sylvie Lesage, du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, et la chercheuse affiliée au sein de l’axe de la vision de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Marie-Claude Robert, voulait créer un biomatériau à faible coût et facile à produire afin d’envisager une potentielle application clinique mondiale.
Ensuite, ce biomatériau ne doit pas engendrer d’inflammation.
Pour ce faire, ils ont fabriqué des implants cornéens à partir d’une protéine, peu couteuse, qui imite le collagène. Puis, ils y ont incorporé un polymère synthétique qui supprime l’inflammation.
Le polymère synthétique ou phosphorylcholine
En clinique, ce polymère est utilisé pour recouvrir des matériaux, tel que les stents utilisés pour supporter les parois des vaisseaux sanguins, afin de prévenir l’apparition de thromboses ou de caillots sanguins.
Une solution aux avantages multiples
Ce biomatériau :
- Fournit un processus de fabrication plus simple;
- Offre la possibilité d’une production à grande échelle pour une utilisation clinique;
- Permet de réduire l’inflammation cornéenne.
Des résultats préliminaires encourageants
Les implants étudiés ont permis :
- Une régénération nerveuse plus rapide;
- Une récupération de la sensation cornéenne en augmentant la transparence de la cornée et donc de la vision.
La prochaine étape est de réaliser l’évaluation clinique de ces implants.
À propos de ce projet
De gauche à droite : Les Dres May Griffith, Isabelle Brunette et Sylvie Lesage du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Ce projet émane d’un travail international réunissant des chercheurs et des cliniciens en Belgique, au Canada, en Finlande, en Espagne, en Suède, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Les subventions de recherche proviennent du programme coopératif stratégique indo-suédois DBT-Vinnova, des Instituts de recherche en santé du Canada, du Fonds de recherche en ophtalmologie de l’Université de Montréal, de la Fondation Caroline Durand, du Conseil de recherche médicale au Royaume-Uni et ISCIII-ERDF/ESF d’Espagne. L’une des chercheures, Fiona Simpson, reçoit une bourse de doctorat du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, la docteure May Griffith reçoit le soutien du programme de chaires de recherche du Canada et d’une chaire de recherche de la Fondation Caroline Durand. La docteure Sylvie Lesage détient une bourse de chercheur de mérite du Fonds de recherche du Québec – Santé.
Merci à nos donateurs
Les donateurs de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) contribuent également à ce projet en finançant les laboratoires de recherche, les plateformes de recherches spécialisées telles l’imagerie, l’animalerie et la cytométrie.
La Fondation HMR a également contribué au fait que la docteure May Griffith devienne la titulaire de la Chaire de recherche de la Fondation Caroline Durand.
La Fondation HMR finance également les infrastructures qu’utilisent les chercheurs du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, et, tout particulièrement, les nouveaux laboratoires de recherche sur la vision, les installations qui y sont rattachées et le personnel de soutien.
˃ Lisez Collagen analogs with phosphorylcholine are inflammation-suppressing scaffolds for corneal regeneration from alkali burns in mini-pigs, Nature, 21 mai 2021
Merci d’encourager les recherches des Dres May Griffith, Isabelle Brunette et Sylvie Lesage du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.